La Guadeloupe est riche en sentiers de randonnées. Il y en a pour tous ; petit ou grand marcheur, passionné de nature ou d’histoire, voire aventurier. Bref ! vous avez l’embarras du choix.
La trace de Beautiran, qui se situe sur la commune de Petit-Canal, vous emmène sur les traces de l’illustre passé de Grande-Terre, où la culture de la canne à sucre a façonné le paysage. À travers des champs de canne, traversant une forêt emblématique et représentative de l’archipel, la Trace de Beautiran vous conduit jusqu’au bord de mer.
Découvrez, lors de cette excursion, différents milieux naturels, au combien riches de leurs diversités. Arrêtez-vous un instant pour observer l’une des nombreuses libellules qui vous accompagnent. Profitez, une fois arrivé à destination, du panorama qui se dévoile, mais surtout, laissez-vous transporter dans l’histoire de cette région qui porte encore de nombreux stigmates de son activité liée à la canne.
Une randonnée entre champs de canne à sucre et mangrove
Nul besoin d’être un randonneur aguerri pour suivre la trace de Beautiran, dont le parcours est plat et rectiligne, et pour cause ! Son tracé longe en partie l’ancienne ligne de chemin de fer qui partait de Petit-Canal pour rejoindre le port d’embarquement de la sucrerie de Beauport, située à Beautiran sur la Baie du Grand Cul-de-sac marin.
Vous empruntez en premier lieu un sentier bordé de prairies et de champs de canne à sucre. Par endroits, la végétation, à hauteur d’homme, vous enveloppe immédiatement, d’autant qu’il vous faut parfois marcher à la queue leu leu, tant la piste est étroite.
Au gré de votre balade, la flore se dévoile. Un conseil, prenez le temps de l’observer. Peut-être, saurez-vous reconnaître entre deux plantations, un plan de carapetier, cet arbrisseau d’où est extraite l’huile de Carapate plus connue sous le nom d’huile de ricin noir, avec ses fruits roses rappelant les bogues du châtaignier.
Un peu plus loin, la végétation prend de la hauteur. Si votre regard est attiré par un arbre garni de fleurs blanches et parfumées ainsi que de petits fruits ronds colorés d’orange plus ou moins sombre, vous avez potentiellement devant vous un “Bois carré”. Il s’agit d’une espèce commune que l’on retrouve dans presque toutes les îles de la Caraïbe, principalement dans les forêts sèches.
Après moins de 1 km parcouru, vous arrivez aux abords de la forêt tropicale qui précède la mangrove. Un Sang-dragon (Mangle médaille) vous accueille probablement, reconnaissable à ses larges contreforts qui peuvent recouvrir son tronc jusqu’à 5 mètres de hauteur. Puis, très vite, la végétation devient plus dense. Votre randonnée se poursuit dans une zone de forêt marécageuse où quantité d'arbres ont les pieds dans l’eau. Ces derniers vous offrent, durant tout le reste du parcours, une ombre particulièrement appréciée les jours de grand soleil.
En suivant le sentier, vous apercevez de-ci, de-là, des morceaux de wagons abandonnés depuis de nombreuses années, preuves de l’activité d’autrefois. Un ancien promontoire, mis en place pour que les trains puissent franchir cette zone, est encore visible.
Enfin, au débouché de la mangrove, vous arrivez sur une aire découverte. Vous voici sur le littoral, où l’air iodé vient remplacer les effluves de la forêt marécageuse pendant que vous admirez la vue offerte par la Pointe Beautiran.
Le port sucrier de Beautiran
Vous voici arrivé à l’ancien port sucrier de Beautiran. Le panorama est magnifique ! Devant vous s’étend le grand Cul-de-sac marin où la mer connaît le calme des grands lacs. En face, la Pointe Sable de Bar avec ses plages sauvages teintées de sable blanc et bordées de forêts ou de mangroves. De l’autre côté, les reliefs montagneux de Sainte-Rose apparaissent au loin.
Son histoire
D’où vient le nom Beautirant ? Ce site s’appelle ainsi, car il y avait un beau tirant d’eau à cet endroit, tout simplement. Mais revenons à notre visite.
Dès votre arrivée, vous constatez qu’il est à présent déserté. Il ne reste pour vous accueillir que quelques bœufs qui sont ici en pâturage, certes forts sympathiques, mais peu bavards. Pourtant, on devine qu’une certaine activité régnait autrefois en ce lieu. En témoigne la présence d’une petite chapelle, qui d’ailleurs n’est pas si abandonnée que ça, mais surtout, celle d’une grue de chargement, depuis longtemps délaissée, et de son ponton flottant.
Durant près de 200 ans, au cours du XVIIIe et du XIXe siècle, le port de Beautiran a été le débarcadère utilisé par les sucreries voisines (dont principalement celle de Beauport). Il permettait de charger sur de nombreuses barges le sucre, le coton et le rhum, qui étaient destinés à l’usine centrale de Darbousier à Pointe-à-Pitre. Les marchandises étaient ensuite expédiées jusqu’à leur destination finale, en Europe.
On y réceptionnait également des cargaisons, notamment de charbon, nécessaire au fonctionnement des machines à vapeur. L’activité portuaire était suffisamment importante sur ce site pour que soient construits des hangars, jusqu’à ce qu’il soit abandonné dans les années 60.
Ses vestiges industriels
Le passé industriel du site de Beautiran a laissé bien des stigmates, notamment des restes de voie ferrée et de wagons comme vous avez déjà pu le voir, mais pas seulement.
Sur le rivage, la rampe d’embarquement métallique avec son système de grue qui permettait de charger les barges, bien que très abîmée, est toujours en place. Si vous retournez sur vos pas, au milieu d’une végétation dense et sauvage, vous pouvez vous approcher d’une vieille bâtisse. Cette imposante structure qui servait d’entrepôt est aujourd’hui pratiquement recouverte de formations végétales. Comme à l’ancienne prison de Petit-Canal, des figuiers maudits se sont emparés de ses murs.
Aux côtés de cette construction, les vestiges de plusieurs petites habitations sont encore visibles, notamment ceux d’une case dont les habitants assuraient probablement le gardiennage des marchandises stockées en nombre. On peut y voir une modeste cuisine en pierre, toujours debout, où des braises devaient être déposées en dessous du plan de cuisson.
Un peu plus loin, les restes d’une locomotive gisent au milieu de la végétation. Cette dernière a eu raison de ce monstre de fer, qui, bien que toujours sur ses roues, est traversé par plusieurs arbres qui s’y sont implantés, démontrant la force inouïe de la nature.
Quel point de départ pour la trace de Beautiran ?
Pour une petite randonnée, il est possible de ne faire qu’une partie de la trace de Beautiran. Pour cela, vous devez emprunter la route nationale 6 entre Petit-Canal et Port-Louis. Moins de 3 km après le bourg de Petit-Canal, vous apercevez sur la gauche un carbet isolé. Il marque votre point de départ. En suivant la direction de Beautiran (sur votre gauche), vous réaliserez 4,5 km aller-retour, sur un sentier facile.
En revanche, si vous souhaitez effectuer toute la randonnée, à savoir 8,4 km en trois heures de marche, il est conseillé de prendre le petit chemin vers l’ouest, balisé à la sortie de Petit-Canal après le nouveau stade. Vous aurez alors le loisir de découvrir l’ancien moulin de Sainte-Amélie et la Mare de Castex.
Dans tous les cas, vous pouvez prévoir un pique-nique à la Pointe Beautiran, afin de jouir au maximum de son littoral paisible.
Sortez et profitez de la vie !
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