Combat de Coqs en Guadeloupe

Par Thierry le Mardi 25 juillet 2023 - 6414 vues

Saviez-vous que des combats de coqs sont toujours organisés en Guadeloupe ? Cette activité, vieille comme le monde, compte encore de nombreux adeptes sur l’archipel, mais également dans toutes les Antilles, voire au-delà.

Assister à un combat de coqs lors de votre séjour sur l’île, c’est découvrir l’une des plus illustres particularités culturelles de la Guadeloupe. Que diriez-vous de vous aventurer dans l’univers d’un Pitakòk, cette arène où deux volatiles se confrontent, parfois jusqu’à l’issue fatale ?

Préparez-vous à une petite poussée d’adrénaline, décuplée par l’excitation de voir votre favori remporter le combat de coqs. Découvrons le pitt à coq (ou gallodrome) de Saint-François, situé à l’extrémité sud-est de Grande-Terre.

Une tradition qui perdure

Le combat de coqs est une tradition qui date de plusieurs millénaires. À l’origine, les premiers combats de ce type auraient débuté en Asie lors de la sédentarisation des premiers agriculteurs. Ces derniers auraient commencé la domestication de coqs sauvages (Gallus Gallus) et organisé les tout premiers élevages de poules.

Au fil des siècles, les combats de coqs ont été importés en Europe par l’intermédiaire des Grecs puis des Romains. Enfin, vers la fin du 15ᵉ siècle, les Espagnols ont introduit cette pratique aux Antilles, ensuite importée en France au cours du 18ᵉ siècle par l’Angleterre.

Si cette activité est interdite en France métropolitaine depuis 1964, elle est en revanche toujours autorisée en tant que tradition locale (à condition de ne pas être interrompue plus d’une année) sur certains territoires. Les combats de coqs peuvent donc encore être organisés dans deux départements des Hauts-de-France (Nord, Pas-de-Calais), ainsi que dans certains outre-mer, dont la Guadeloupe.

Cette tradition, qui fait partie de la culture antillaise, perdure ainsi sur l’archipel guadeloupéen depuis plus de 500 ans !

Comment se déroule un combat de coqs

Avant toute chose, il est important de comprendre que le combat de coqs n’a pas été inventé par l’Homme. Cette rivalité existe à l’état naturel chez le coq sauvage. Celui-ci, pour préserver son territoire et son harem (eh oui ! un coq est toujours entouré de poules…), n’hésite pas à s’affronter au premier rival qui s’approche d’un peu trop près. À l’état sauvage, seuls les plus forts restent en vie.

Mais alors ? Comment les organisateurs s’y prennent-ils ?

Une préparation digne des grands sportifs

En réalité, les propriétaires de coqs destinés au combat ne se transforment pas en coachs sportifs intransigeants.

Dans un premier temps, le coqueleur (ou éleveur) sélectionne la race qui lui semble la plus combative. Il conserve, génération après génération, les poussins mâles et 2 à 3 femelles de chaque couvée pour forcer l’accouplement entre les meilleurs individus. Vers l’âge de cinq mois, les coqs commencent à devenir agressifs. Ils sont alors mis à l’écart de la volière commune, puis isolés jusqu’au fameux combat.

En réalité, les coqs ne sont jamais entraînés à se battre. Le coqueleur veille quotidiennement à ce que l’animal soit fort sur ses pattes, vigoureux et en pleine possession de ses moyens. Pour cela, il n’hésite pas à bichonner son coq afin qu’il gagne un maximum de force et de résistance. La nourriture, riche en protéines, est l’un des points cruciaux pour transformer ce gallinacé en futur vainqueur.

Un combat sous haute surveillance

Chaque combat est rythmé par un processus ancestral, sous les yeux aiguisés des organisateurs, d’un juge et d’un arbitre.

Tout commence par la pesée. Celle-ci permet de déterminer quels coqs combattront l’un contre l’autre. Les coqs, qui pèsent en général entre 1 et 6 kg, sont ainsi classés par catégories en fonction de leur poids, mais également de leur valeur en termes de pari. C’est ce que l’on nomme le « mariage » entre les futurs concurrents.

S’ensuit l’attente avant les combats. Les volatiles sont alors installés dans une seconde zone dotée de nombreuses cages en bois. Bien évidemment, ils ont chacun leur propre abri. Il n’est encore pas l’heure d’en découdre !

Puis, un juge fait en quelque sorte un check-up de chaque coq. Il vérifie que tout est en règle, que les animaux se portent bien et que rien n’est caché sous les plumes afin d’éviter toute triche.

Les coqs sont alors équipés d’ergots en métal. Cela peut sembler barbare, mais en réalité, il n’en est rien. Cela permet de provoquer des blessures plus franches et donc plus faciles à soigner par l’éleveur.

Arrive enfin le moment fatidique. Deux propriétaires entrent dans l’arène et présentent leur coq respectif. Face à face, ils se saluent avant de se retirer pour laisser place au combat. Une euphorie résonnante gagne les gradins entourant l’arène, à mesure que les deux coqs s’affrontent. Durant le spectacle, qui génère une certaine émulsion, les spectateurs se régalent en admirant les beaux plumages virevolter avec frénésie.

L’arbitre, qui se tient à proximité de l’arène, veille attentivement au déroulement du combat. Celui-ci, bien qu’il puisse aller jusqu’à la mort (mais je vous rassure, ça n’est pas une généralité) prend fin la plupart du temps lorsque l’un des deux coqs tourne le dos à son adversaire. En fuyant le combat, l’animal démontre qu’il désire quitter le « ring ». Son souhait est alors respecté et l’autre coq désigné vainqueur.

Dans les gradins, les paris vont bon train

L’arène est donc entourée de gradins où les spectateurs ont les yeux rivés sur le combat. Les encouragements sont légion, d’autant que certains habitués n’hésitent pas à faire des paris entre eux.

En effet, si des gains sont alloués aux coqueleurs qui ont la fierté de repartir avec leur vainqueur, les spectateurs et connaisseurs prennent plaisir à se lancer des paris dans les tribunes. Dans une telle effervescence, rien n’est écrit, mais tout se déroule pour le mieux. La parole donnée lors d’un pari est sacrée et chaque perdant ne lésine pas à remettre les 10 ou 20 euros qu’il a pariés à son acolyte. Tout ceci, dans la joie et la bonne humeur !

De plus, le pitt à coq de Saint-François est équipé d’un bar où l’on peut partager un verre et parfois même un repas. De quoi passer un agréable moment tout en se questionnant sur les prochains paris ou échanger ses impressions après les combats.

Et, les coqs ? Les vainqueurs, tout comme dans leur environnement sauvage, auront le privilège de se reproduire. Quant aux autres… Rien n’est jamais perdu… Je vous laisse mijoter votre petite idée concernant sa future destination…

À quelles périodes sont organisés les combats de coqs

À Saint-François, les combats de coqs ont lieu essentiellement les six premiers mois de l’année, les autres étant consacrés en Guadeloupe aux courses de charrettes à bœufs. Comme pour la majorité des loisirs, les combats se déroulent principalement le week-end.

Si vous ne voulez pas manquer ce fabuleux spectacle ancestral, vous pouvez vous rapprocher de la fédération des coqueleux qui se fera un plaisir de vous renseigner.

Sortez, profitez de la vie smiley !

Pour voir la vidéo exclusive sur le combats de coqs Cliquez ci-dessous :

 

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